7.1.
Gestion de la ressource en eau et du patrimoine aquatique
Sur
le plan économique et social, il est maintenant très généralement
admis que la gestion de l'eau constitue l'un des enjeux majeurs du 21ème
siècle.
La
France à la chance de disposer, sur la majeure partie de son territoire,
d'une ressource abondante et d'un patrimoine aquatique conséquent dont
la qualité est encore satisfaisante. Malgré tout, ce patrimoine
est menacé : de nombreuses nappes phréatiques, de même que
beaucoup de petites rivières ou ruisseaux commencent à être
fortement pollués, la qualité des fleuves se dégrade.
La nouvelle directive cadre européenne sur la qualité écologique
des milieux aquatiques va avoir des conséquences très importantes
en mettant les pouvoirs publics face à une obligation de résultats
et plus seulement de moyens. Les enjeux pour les pays du sud de l'Europe ou
de l'Afrique du nord sont encore plus importants.
La responsabilité des rejets urbains, de temps sec comme de temps de
pluie, est de plus en plus souvent mise en cause dans la dégradation
des milieux aquatiques . L'importance de ces rejets est d'autant plus grande
que les milieux qu'ils dégradent sont ceux situés à proximité
des grandes concentrations humaines, c'est à dire là où
les problèmes de ressources et les valeurs d'usage liées à
l'eau sont les plus forts.
Une meilleure connaissance des rejets et de leurs impacts sur le fonctionnement
des écosystèmes, dans une démarche pluridisciplinaire,
présente de ce point de vue un intérêt scientifique et socio-économique
certain.
Elle constitue une condition indispensable:
- pour développer de nouveaux modes de gestion de la ressource en eau
- pour mettre au point des outils opérationnels de caractérisation
des impacts anthropiques et de suivi de la qualité de cette ressource,
conciliant les activités humaines et la préservation des milieux
et de leurs peuplements
-pour refaire passer les eaux pluviales du statut de déchet à
celui de ressource constitue un objectif important des années à
venir.
L'intégration
de l'OTHU dans la Zone Atelier Bassin du Rhône,
dont l'objectif est d'aider à la décision publique en matière
de gestion des milieux aquatiques, va permettre de mieux mettre les enjeux liés
à la gestion des eaux pluviales urbaines en relation avec ceux liés
à la gestion des milieux.
7.2.
Gestion technique de la ville
Les
inondations urbaines par crues rapides ont provoqué en France de nombreux
accidents graves ces dernières années (Nîmes ou Vaison la
Romaine par exemple). Les ruissellements sur les surfaces urbaines et l'utilisation
systématique de réseaux de collecte concentrant les flux dans
les centres urbains contribuent dans de nombreux cas à aggraver ce type
de phénomène. La région Rhône-Alpes est relativement
exposée au risque de crues torrentielles dues, au moins en partie, à
des ruissellements urbains, dans les secteurs sud (Ardèche), mais également
dans sa partie Nord (Yzeron par exemple).
Sur le plan économique, 75% des déclarations de catastrophes naturelles
sont liés à des inondations et, dans 80% de ces cas, il s'agit
d'inondations en partie causées par des ruissellements urbains.
La compréhension de l'influence de l'urbanisation sur le régime
des crues des petites rivières périurbaines constitue donc un
enjeu important, sur le plan scientifique comme sur le plan social. Elle constitue
un préalable au développement de techniques visant à la
maîtrise du ruissellement urbain (technologies alternatives aux réseaux
d'assainissement pluvial par exemple).
Le programme de recherche OTHU est certes plus particulièrement centré
sur les impacts liés aux rejets de produits polluants. Les aspects hydrologie
quantitative ne sont cependant pas absents du programme de recherche, et le
niveau de protection contre les risques d'inondation est considéré
comme un indicateur majeur de la qualité d'un système de gestion
des eaux pluviales.
Les aspects réglementaires et économiques liés à
la protection de la ressource en eau et à la gestion de l'assainissement
sont également très forts.
La loi sur l'eau de 1992, et en particulier ses décrets d'application
de mars 1993 et décembre 1994, obligent les collectivités locales
à mettre en uvre des moyens importants pour limiter la pollution
due aux rejets urbains. La nouvelle loi sur l'eau en préparation et la
traduction en droit français de la Directive européenne sur la
qualité écologique des milieux aquatiques vont encore augmenter
les contraintes pesant sur les collectivités locales.
Les enjeux financiers sont considérables (plusieurs dizaines de milliards
d'euro d'investissements supplémentaires pour l'ensemble de la France
dans les dix années à venir).
Du fait du manque actuel de connaissances sur les phénomènes physiques
et sur l'efficacité des différentes solutions possibles, il est
probable que beaucoup de ces investissements seront mal dirigés et mal
utilisés.
Une recherche visant à mieux connaître les rejets, à mieux
évaluer leurs impacts réels sur les milieux récepteurs,
à tester l'influence à moyen terme de techniques nouvelles de
gestion des eaux pluviales est probablement susceptible:
- d'améliorer l'efficacité des investissements est donc de permettre
des économies substantielles d'argent public;
- de permettre le développement de nouveaux procédés de
traitement ou de gestion des eaux, potentiellement créateurs d'emplois.